INTERVIEW. L’une des belles surprises cinématographiques de cette fin d’année aura incontestablement été Populaire, le premier film de Régis Roinsard, qui raconte comment une timide jeune fille de province parvient à prendre son destin en main en devenant… une championne de sténodactylographie ! Le réalisateur et sa pétillante actrice, Déborah François, sont venus nous en parler à NANCY.

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Déborah Françaois dans Populaire- crédit photo DR

 

D’où est venue l’idée de ce titre, Populaire ?

Régis Roinsard : Je ne sais plus à quel moment j’ai choisi le titre, je crois que ça a été assez tôt. J’avais entendu une chanson d’un groupe américain qui s’appelle Nada Surf intitulée Popular, et je ne sais pas pourquoi, mais j’ai trouvé que c’était un super titre de chanson et que ça pouvait faire un super titre de film. Chez nous, en France, le mot « Populaire » veut dire beaucoup plus de choses. Aux Etats-Unis, le sens induit est plus de l’ordre de la célébrité. Je trouvais ça assez intriguant d’avoir un titre qui justement puisse jouer sur plein de registres différents.

 

Déborah François, quel entraînement avez-vous suivi pour vous préparer à ce rôle de championne de sténodactylographie ?

Déborah François : Pendant trois mois, je me suis entraînée, j’ai eu des coachs. La machine à écrire, c’est un instrument très différent de l’ordinateur. Je suis beaucoup, beaucoup plus lente sur ordinateur que sur machine à écrire. Bon, bien sûr, ça se travaille, mais un ordinateur, c’est vraiment autre chose. C’est très plat ; on effleure à peine les touches et elles s’enfoncent. Il y a quelque chose de plus complexe dans la machine à écrire… Déjà il faut monter les mains parce que c’est disposé en étages, ce qui change beaucoup de choses ; et puis il faut une force !… C’est phénoménal pour une machine à écrire ! J’ai essayé de taper comme ça sur un ordinateur, j’ai failli le casser !

 

Avez-vous regardé des films de sports pour préparer le film ?

Régis Roinsard : On ne les a pas regardés mais on en a parlé. Bien sûr on voulait qu’il y ait ce dynamisme-là, de ces films américains sur le sport. J’aime beaucoup les films de sport, mais ce n’est pas un genre très répandu en France. On a évoqué Rocky, Karaté Kid, Le Meilleur de Barry Levinson, tous ces films-là. Faire un film sur le sport – même si ce n’est pas foncièrement un film sur le sport – ça m’intéressait depuis longtemps. En plus c’est un questionnement cinématographique…

Déborah François : Moi c’est le seul sport dans lequel j’étais crédible, donc ça tombait bien !

Régis Roinsard : Exactement. Pour moi, la question c’était aussi quel sport filmer ? Comment filmer l’effort, la concentration et ce genre de choses ?

Déborah François : Le golf, c’est chiant, le foot c’est déjà vu…

Régis Roinsard : Voilà. Donc il fallait trouver autre chose. Et le défi, ça a été la machine à écrire, parce que ça ne bouge pas beaucoup. Mais le but, c’était de donner cette dynamique-là.

 

Déborah François, on vous a rarement vu dans ce type de rôle et de comédie. Est-ce que cela marque pour vous une nouvelle étape dans votre carrière ?

Déborah François : Bien sûr. Déjà, je pense que dans ce film je montre une facette de moi que je n’ai jamais montrée ailleurs. Je pense que les gens ne m’ont jamais vue comme ça. Ça leur plaira ou pas, mais en ce qui me concerne, ça m’a intéressée de me confronter à quelque chose à quoi je ne m’étais jamais essayée. D’une part, j’ai peu fait de comédies romantiques, et puis il y a vraiment quelque chose dans le comique de situation, de geste, du comique physique, que je n’avais jamais pu explorer dans d’autres films. Soit parce que c’était des choses plus intimes, soit des sortes de drames, ce qui ne se prête pas forcément à ce genre de choses mais ça me plaît beaucoup, et j’ai l’impression que ça ressemble davantage à ce que je suis dans la vie. Que ce soit dans la carrière de Régis ou dans la mienne, c’est un film qui va compter. Il est important pour lui parce que c’est son premier long ; et pour moi parce que c’est une catégorie de rôles que je n’ai jamais fait, peut-être que ça va me conduire vers d’autres rôles plus semblables à ça. Ou pas, on verra. Inch’alla !

Régis Roinsard : Malgré le fait que Déborah ait fait plusieurs films, le fait qu’on se retrouve ensemble à un moment d’une telle importance dans nos carrières respectives nous a beaucoup motivés l’un et l’autre et nous a donné envie de faire les meilleures choses possibles.

 

Ce que vous avez en commun avec le personnage, c’est l’énergie ? La volonté ?

Déborah François : Je l’espère. En tous cas la détermination. Je suis têtue comme elle ! J’ai la tête dure. Quand j’ai une idée dans la tête, je ne l’ai pas ailleurs.

 

N’est-ce pas impressionnant de tourner son premier film avec des stars confirmées telles que Romain Duris, Eddy Mitchell, Miou-Miou ?

Régis Roinsard : Alors moi je n’ai été impressionné par rien, bizarrement, parce que j’ai fait pas mal de clips et pour cela  j’ai rencontré des gens connus, des stars de foot… Ensuite, je sentais qu’humainement les gens à qui j’avais demandé de jouer étaient de chouettes personnes. Et en tant que réalisateur, on est un peu un coach et un catalyseur donc le but, pour faire un parallèle sportif, c’était aussi de former la meilleure équipe possible, avec des comédiens qui puissent intégrer mon univers et qui ne soient pas forcément issus de la même cinéphilie. Donc c’est pour ça qu’il y a à la fois Eddy Mitchell et Miou-Miou, qui sont finalement un couple d’acteurs assez populaires, et Dominique Raymond, qui joue l’entraîneuse de Rose à la fin, qui elle vient plus du cinéma d’auteur et du théâtre. Il y avait aussi le désir de trouver cet équilibre. Un peu comme fait Tim Burton en prenant des acteurs parfois un peu underground, et d’autres très connus qu’il va mettre dans des rôles différents.

  Le but, c’était de trouver la bonne musique. Moi-même j’étais surpris au moment des essais pour certains comédiens, en particulier Nicolas Bedos. Quand on m’a dit « Nicolas Bedos », j’étais assez sceptique. Mais il a passé les essais – il y avait six comédiens en concurrence, assez connus – et il a été le meilleur de manière fulgurante.

  Le seul qui m’a impressionné finalement, c’est Eddy Mitchell, parce que quand j’étais petit j’étais fan de La Dernière Séance et ma cinéphilie s’est faite aussi sur des films de télé. Et puis c’est un film sur les années 1950, une période qu’il connaît super bien… Il a impressionné tout le monde, même Guillaume Schiffman, le chef-op parce que lui-aussi est un gros cinéphile.

 

Certaines scènes, comme celle de la Tour Eiffel, sont très minutieusement reconstituées. Comment avez-vous procédé ? Cela a-t-il nécessité des moyens coûteux ?

Régis Roinsard : Non, pas vraiment, car ces scèness ont été filmées de manière très rapide. C’est-à-dire que l’argent dépensé dépend aussi du temps qu’on passe sur le décor qu’on exploite. Pour la Tour Eiffel, par exemple, on a tourné entre 9h30 et 12h30 /13h30, quelque chose comme ça, donc c’était presque organisé comme un happening : c’est-à-dire qu’on avait pour ce faire une fenêtre de tir de quatre heures un jour férié.

Déborah François : C’est surtout beaucoup de préparation. Régis avait tout super bien préparé, donc nous on est arrivés, on a fait notre truc et puis c’était bon !

Régis Roinsard : Et en plus on est passés entre les gouttes d’eau ! C’était assez impressionnant.

Déborah François : Ce jour-là il fallait essuyer la voiture entre chaque prise parce qu’il y avait une légère petite bruine ! C’était horrible…

Régis Roinsard : Oui, j’étais un peu obsédé par le sens du détail, mais c’était bien parce que dans le fond tout le monde l’était. Mais il y avait plein de choses à gérer, comme le maquillage, la figuration, la physionomie d’une ville à une autre, le stylisme, la couleur des voitures, très importante à mon sens. C’est-à-dire que dans beaucoup de films de reconstitution des années 1950 / 1960, les voitures ne sont pas pour moi de la bonne couleur…

Déborah François : On se demande pourquoi Alain a fait confiance à ce garçon qui va jusqu’à checker la couleur de chaque voiture parce que : « Ce n’est pas le bon blanc ! C’était un blanc un peu plus cassé en 58, ce blanc-là c’est en 59 que ça a commencé… »

  C’était comme ça pour tout ! Régis connaît le visage de chaque figurant-e du film. C’est-à-dire qu’il a vérifié chaque figurant dans chacune des scènes, il n’y en a pas un seul qui n’ait pas été checké par lui et pour lequel il n’a pas dit : « Oui je valide cette personne ».

Régis Roinsard : C’est comme ça que ça marche, c’est comme ça qu’on arrive à se plonger dans un univers. Le film est rempli de détails comme ça, mais c’est une vision des années 1950, pas un documentaire ! Il y a donc des détails historiques qui ne sont pas forcément d’époque et de la musique qui ne date pas des années 1950, parce qu’il faut aussi savoir se donner de la liberté.

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